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Retour à Buenos Aires

Publié le par Yv

Retour à Buenos Aires, Daniel Fohr, Slatkine & Cie, 2018....,

Mais que peut bien faire un bibliothécaire avec l'urne funéraire contenant son grand-oncle -dit l'Aviateur- mort plus que centenaire, sur un navire porte-conteneurs en partance vers l'Argentine au départ du Havre ? L'amour serait-il la clef de l'énigme ? En attendant sa résolution, le petit-neveu embarque, seul passager sur le bateau, peu habitué aux us et coutumes des marins, à la multitude de langues parlées, au roulis, au tangage.

Si comme moi vous êtes sensibles au mal de mer, ne savez pas nager mais aimez quand même la mer, pas pour s'y baigner juste pour la voir, la sentir si possible sans la foule estivale, ce voyage à bord d'un porte-conteneurs est pour vous. Il faut bien reconnaître que c'est un voyage particulier, l'urne funéraire de l'Aviateur étant très présente. Bienvenue à bord de ce roman d'humeur et d'humour désenchantés, qui parle de choses sérieuses sans l'être vraiment : "J'ai appris à démarrer et à piloter le canot tous temps, en cas d'abandon du navire, et c'était presque aussi simple qu'une auto-tamponneuse. Je ne suis pas sûr d'avoir compris comment on le mettait à l'eau, ce qui fait que ça ne servait pas à grand chose. Je n'ai pas osé faire répéter. Les grandes tragédies naissent souvent d'une inhibition." (p.40). Daniel Fohr use d'un stratagème connu et efficace pour peu qu'il soit bien mené -ce qui est le cas- : écrire un paragraphe sérieux et le finir par une phrase en apparence anodine et qui donne le ton léger et drôle du livre. Publicitaire réputé et créateur de certains slogans marquants, il a le sens de la formule. Ses portraits ne sont pas mal non plus : "Un garçon d'une trentaine d'années est arrivé, en bermuda de surfer, des tongs aux pieds. Il portait un T-shirt à l'effigie d'un groupe de métal sur un torse surdéveloppé, mais le point le plus remarquable de sa physionomie était son incroyable neutralité expressive. Il avait deux yeux, un nez et une bouche, ni grands, ni petits, ni vicieux, ni tristes ni rien, des cheveux sans couleur définie, un visage flottant, neutre. A le regarder, on comprenait combien l'absence d'originalité est rare, et combien la banalité constitue une exception." (p.43/44)

Et le voyage continue. Vingt-quatre jours de mer, parfois un peu longs, mais c'est sans doute pour nous faire mieux ressentir la lenteur du navire et l'ennui de certaines journées. Le voyageur apprendra à connaître les marins pourtant assez farouches, peu diserts, à passer certaines épreuves, pourra se poser des questions importantes sur la vie, la sienne et celle de l'Aviateur auquel il s'adresse souvent. J'ai aimé voyager en sa compagnie, sur ce navire. J'ai aimé l'ambiance qui se dégage de ces pages, cet humour désenchanté, un peu décalé, la lenteur, l'absence d'action, ces deux derniers points qui obligent à lire à un rythme ralenti. 

Belle découverte que je vous conseille fortement. Je vous souhaite déjà un bon voyage.

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R
Humm, prêt pour ce voyage en porte-conteneurs. Et bonne idée de faire connaître les petits éditeurs.
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Y
J'essaie de parler des éditeurs indépendants dès que je peux, souvent leurs catalogues me plaisent plus qu ceux des grandes maisons
A
Une traversée sans le mal de mer, je suis preneuse.
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Y
ça ce n'est pas garanti...
M
Et bien, j’embarque illico sur ce porte-containers. Déjà le cadre est original et en plus si c’est plein d’humour et décalé, la croisière s’annonce plaisante !
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Y
Bon voyage jusqu'à Buenos Aires
K
J'avais repéré et bien envie de lire ce roman, tu confirmes !
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Y
Oui, à découvrir ce voyage à bord d'un cargo