Artifices
Artifices, Didier Fossey, Flamant noir, 2018.....
Boris Le Guenn, commandant et chef de groupe à la crim' au 36 quai des orfèvre est mis sur une drôle d'enquête : le corps d'un vieil homme vient d'être retrouvé, attaché à un arbre, l'homme semblant avoir été tué par une chandelle de feu d'artifice. Quelques jours plus tard, un autre homme, meurt dans sa maison de retraite, et de nouveau du matériel d'artificier a été utilisé.
Dans le même temps, Boris Le Guenn, fraîchement séparé de sa femme subit le harcèlement d'un inconnu.
Retour de Boris Le Guenn déjà rencontré dans les titres précédents de Didier Fossey : Burn-out et Ad unum. Dire qu'il revient pour le plaisir des lecteurs n'est pas mentir, ceux qui le connaissent rempilent avec joie, les autres apprendront à le découvrir et auront sans doute l'envie de lire ses autres enquêtes, ce qu'évidemment je ne peux que conseiller fortement. Fidèle à son habitude, l'auteur bâtit son roman en courts chapitres qui alternent les narrateurs, ce qui permet au lecteur d'avoir un temps d'avance sur les policiers. Le rythme est rapide et s'accélère sur la fin, plaisant et si l'envie vous prend, cette construction le permettant, vous pourrez toujours poser le livre aisément et le reprendre un peu plus tard sans perdre le fil. Moi qui lis beaucoup par toutes petites tranches, ça me plaît.
Venons-en au cœur de l'ouvrage : l'histoire, l'intrigue. Originale et classique, Didier Fossey lorgne vers le thriller -avec un méchant vraiment très méchant qui en veut à son flic- mais a l'intelligence de ne pas céder aux facilités du genre (bagarres archétypales et/ou enlèvement des femmes et enfants, enfin tout ce qui est prévisible et décevant dans pas mal de thrillers étasuniens notamment). C'est cela que j'aime bien, le romancier adopte les règles du genre mais les personnalise pour écrire des romans originaux. En outre, il persiste avec ses personnages forts et bien décrits, très réalistes. C'est avant tout l'humain qui est mis au centre du roman, les aides techniques et scientifiques sont là, certes, mais l'histoire tourne autour des hommes et des femmes, de leurs sentiments, leur flair, leurs intuitions ; c'est rassurant de lire que les avancées scientifiques et technologiques sont au service de l'homme et non pas l'inverse. L'histoire est originale : la mise à mort avec du matériel de feu d'artifice, des personnages venant du passé et se rappelant aux bons souvenirs des victimes mais aussi de Boris qui sera, dans un premier temps désemparé, puis avec son équipe renouvelée se mettra à la tâche avec ardeur. Sans en dire trop sur l'intrigue, pour ne rien en dévoiler, pour laisser le goût de la découverte, je dois dire que Didier Fossey s'est bien documenté sur l'arme des crimes, sur l'Aide Sociale à l'Enfance au cœur de son roman sans en faire l'administration coupable de tous les maux des enfants dont elle s'occupe -le travers de taper dessus et sur les enfants confiés aux foyers et familles d'accueil est malheureusement souvent de mise : merci Didier de ne pas y céder.
Je parle peu de l'intrigue, car j'ai peur de trop en dire, le mieux, c'est que vous apportiez ce roman en vacances pour vous faire votre propre idée, et même s'il n'est pas franchement gai -ça reste un polar, pas une comédie policière-, il tient en haleine jusqu'au bout et vous pourriez même avoir l'envie de prolonger un peu en lisant moins vite. Et si vous n'avez pas le temps de lire pendant les vacances, il fera tout aussi bien l'affaire à un autre moment, en hiver au coin du feu...
Didier Fossey en cinq romans (j'en ai deux de retard : Traque sur le Web -réédité dans l'excellente maison Flamant noir- et Na Zdrowie, chez L'Atelier Mosésu, une enquête de l'Embaumeur)