Le festin de l'aube
Le festin de l'aube, Janis Otsiemi, Jigal polar, 2018.....
Le lieutenant de la gendarmerie, Boukinda, rentre d'un mariage avec sa femme lorsqu'il heurte une jeune femme sur la route, une jeune femme qui se jette littéralement sous ses roues. Boukinda et sa femme la transportent à l'hôpital où elle décède mais pas des suites de l'accident, d'une manière plus étrange.
Le même soir, c'est un camp militaire qui est cambriolé par des hommes bien renseignés qui y volent une véritable arsenal.
Quelques jours plus tard, c'est un fourgon de transports de fond qui est attaqué à l'arme lourde en plein centre de Libreville. C'est la PJ, et les deux capitaines, Koumba et Owoula qui sont chargés de ces deux dernières enquêtes.
Après de bons polars chez Jigal dont La bouche qui mange ne parle pas et Les voleurs de sexe, et un moins bon chez Plon Tu ne perds rien pour attendre, Janis Otsiemi revient en très grande forme pour cet opus. Ces deux flics, Kouba et Owoula rencontrent ces deux gendarmes, Boukinda et Envame pour tenter de tirer au clair plusieurs affaires a priori sans lien et qui, bien sûr, en auront un. Mené tambour battant et sans temps mort, ce polar se suit avec attention et beaucoup d'intérêt. D'abord parce que les intrigues sont crédibles et tiennent le lecteur jusqu'au bout sans aucune once d'ennui. Ensuite, parce que le contexte du Gabon, en attente des élections présidentielles avec des candidats controversés dont l'actuel président, fils de l'ancien -qui a tenu plusieurs décennies- qui se représente malgré des doutes et protestations sur la validité de sa candidature est très présent et fournit la couleur du livre. Et enfin, parce que l'écriture de Janis Otsiemi est particulièrement vivante et donne un rythme soutenu et énergique.
Janis Otsiemi écrit des polars qui sont bien plus que cela. Ils parlent de son pays, de la pauvreté, de la corruption, de la politique, de la société gabonaise. C'est du noir sociétal permet d'apprendre sur le Gabon, sur les gabonais. J'aime beaucoup ça dans les polars quand ils m'offrent plus qu'une simple énigme à résoudre. C'est la raison pour laquelle, par exemple, j'aime beaucoup Henning Mankell qui a décrit son pays et ses mœurs à travers son héros Kurt Wallander et bien d'autres auteurs aussi, mais c'est le nom qui me vient à l'esprit présentement. La plume de Janis Otsiemi est plus fantasque que celle du Suédois, plus imagée, décalée, argotique. Elle est un vrai plus, un ravissement supplémentaire que l'on déguste au fil des pages.
Très bon retour de Janis Otsiemi dans le giron Jigal polar.