Vies volées

Vies volées. Buenos Aires. Place de Mai, Matz et Mayalen Goust, Rue de Sèvres, 2018.....
"De 1976 à 1983, la dictature militaire qui régit l'Argentine fait disparaître près de 30 000 opposants politiques, pour la plupart assassinés. Parmi eux, de jeunes femmes enceintes auxquelles leurs enfants seront arrachés à la naissance. Depuis, 1977, leurs grands-mères recherchent ces 500 bébés volés..." (4ème de couverture). Les desaparecidos, ces jeunes gens enlevés, probablement torturés et assassinés ne sont évidemment jamais revenus et leurs bébés ont été donnés à des familles proches du régime. Fin des années 1990, l'ADN permet de rechercher la trace des vrais parents. Mario sent qu'il est un enfant de desaparecidos, il veut faire le test. Son ami Santiago l'accompagne.
J'ai tout aimé dans cet ouvrage. D'abord, l'histoire est forte, basée sur des faits réels. L'Argentine n'est pas la seule à avoir pratiqué ce genre d'horreur, mais le mouvement des grands-mères fit grand bruit et je me souviens en avoir entendu parler il y a longtemps. Dire que cette BD vient à point pour compléter mes vagues connaissances du sujet est une réalité. J'ai bien aimé le scénario de Matz (dont j'avais bien aimé l'album, Le travailleur de la nuit) qui, à travers les jeunes gens qu'il décrit, permet de rendre compte de beaucoup de réactions possibles face à la découverte de leur filiation et de l'histoire de leurs familles, la biologique et l'adoptive. Cette histoire, certes romancée, avec une histoire d'amour en prime permet de tenter de comprendre l'histoire de cette période en Argentine et le combat des grands-mères et des petits-enfants parvenus à l'âge adulte.
Le dessin de Mayalen Goust est magnifique. J'ai aimé les couleurs pastel, la douceur des tons qui tranche avec la dureté de l'histoire. Ses ciels, ses fonds et ses arbres et leurs branchages sont superbes. Et comme les personnages et les paysages ne sont pas en reste, je peux dire sans exagérer que cet album est une vraie réussite.