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La reine noire

Publié le par Yv

La reine noire, Pascal Martin, Jigal polar, 2017.....

Lorsque Wotjeck, vêtu de noir des pieds à la tête, obligé de porter une paire de lunettes noires pour protéger ses fragiles yeux, roulant très vite dans une BMW noire, revient à Chanterelle le village de son enfance qu'il a quitté  il y a très longtemps, plus rien n'est comme avant. La reine noire, la grande cheminée de la raffinerie de sucre est toujours debout mais ne sert plus à rien, Spätz, l’actuel maire du village a fermé l'usine autrefois. L'accoutrement de Wotjeck et son argent font jaser, mais ce qu'ignorent les habitants c'est que Wotjeck est un tueur à gage, l'un des tous meilleurs. 

Michel Durand, le fils de l'ex-directeur de l'usine, revient lui aussi à Chanterelle, au même moment. Il se fait passer pour un psychiatre, il est flic à Interpol. Depuis leur arrivée, d'étranges événements se déroulent au village provoquant l'exaspération des habitants.

Excellent. Coup de cœur. Voilà, tout est dit. Courez acheter ce roman et ouvrez-le dans un endroit où vous êtes confortablement installés, car vous ne le lâcherez que fini, soit 250 pages plus loin. Vous en voulez plus ? OK, je me fends d'un billet.

Je commence par l'ambiance générale, le contexte. Un village désertifié, appauvri par la fermeture de l'usine qui employait tout le monde. Un paysage désolé, qui pourrait être beau mais qui n'est que désespoir. Et puis, le déclencheur, l'arrivée de Wotjeck et de Durand, deux hommes qui se connaissent de leur enfance, n'ont pas eu la même vie, et continuent à vivre très différemment. Dès qu'ils franchissent les frontières du village, les vieilles rancœurs, les peurs, les veuleries, les jalousies, les trahisons remontent et chacun rejoue son rôle, celui du pleutre, du soumis ou au contraire celui du rebelle -ils sont peu à jouer ce rôle, Marjolaine, la jeune serveuse l'endosse le plus facilement. Les hommes passent leur temps à jouer aux cartes dans le café, à refaire le monde, les femmes étrangement peu présentes ou alors avec des caractères bien trempés, telle la fameuse Marjolaine ou bien la mère Lacroix et sa fille Marie-Madeleine simple d'esprit maltraitée par sa mère qui peut à chaque seconde exploser dans un festival de mots colorés et fleuris (à la fois drôle et violent). 

Les personnages maintenant. On est loin, très loin des stéréotypes du genre policier. Outre les femmes dont j'ai parlé plus haut, Wotjeck et Durand ne sont pas forcément là où on les attend, et leur enfance, leurs relations d'enfance s'immiscent dans cette nouvelle rencontre. Tous ceux qu'on rencontre ont un grain, une fêlure qui ne demande qu'à s'aggraver et Wojteck et Durand feront péter des câbles à certains, parfois involontairement, d'autres fois moins. 

Roman noir plus que polar, il n'est néanmoins pas dépourvu d'étincelle de vie, de lumière et d'espoir. Pas du tout plombant au contraire, le rythme est assez vif et fluide. Pascal Martin mène et maîtrise son sujet de bout en bout, il nous balade, nous emmène exactement là où il veut et nous, eh bien on se laisse faire avec un plaisir non dissimulé et même revendiqué. J'ai passé un très grand moment,  je découvre cet auteur qui n'en est pourtant pas à son premier essai. Très belle pioche des éditions Jigal ! Le début ? Allez, voici les premières lignes :

"La BMW noire filait sur la route à grande vitesse. L'homme au volant portait des lunettes noires, rondes. Des manchons, des sortes de ventouses en cuir, s'échappaient des montants et venaient se plaquer sur ses tempes. On ne voyait pas ses yeux. Il était entièrement vêtu de noir, chemise, imper et pantalon." (p.5)

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B
Je ne connais pas mais ça donne envie de découvrir cet auteur ! Merci.
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Y
Et même l'éditeur, car son catalogue d'auteurs français est très intéressant
A
J'ai passé un bon moment avec ce polar noir.
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Y
ça ne m'étonne pas
C
Salut Yves... On n'est très rarement déçu en lisant Pascal Martin. Et cette fois encore, c'est "de la belle ouvrage" ! Amitiés.
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Y
Salut Claude, eh bien contrairement à toi, je ne le connaissais pas, mais franchement qu'est-ce que j'ai aimé !<br /> Amicalement,