Fleur de tonnerre
Fleur de tonnerre, Jean Teulé, Pocket, 2014 (Julliard, 2013)..
Hélène Jégado naît en 1803 à Plouhinec dans le Morbihan. Élevée dans une famille pauvre et aimante, elle se passionnera très tôt pour les légendes bretonnes qui sont encore très présentes dans la région, la religion catholique ne les a pas encore toutes étouffées malgré ses efforts. L'Ankou en particulier attire la petite fille, la mort personnifiée avec sa faux perpétuellement en main. Hélène surnommée Fleur de tonnerre apprend également les caractéristiques de certaines substances comme la belladone et l'arsenic. Bientôt, autour d'elle, on meurt beaucoup...
Version romancée de celle qui est connue comme étant la plus grande tueuse en série française, puisque qu'elle aurait à son actif au moins soixante morts sur presque cent tentatives. Décapitée en 1852 à Rennes, elle sillonna la Bretagne en s'engageant en tant que cuisinière dans les cures, les grandes maisons les laissant parfois totalement vides après son passage. C'est donc d'un personnage particulièrement fort -et finalement assez méconnu- que s'empare Jean Teulé. Son roman débute bien, par les années de jeunesse de Fleur de tonnerre sur la ferme de ses parents. Il décrit les conditions de vie pauvres, l'aridité de la terre, les légendes et croyances encore très présentes mâtinées de la religion qui tente de s'imposer, c'est sans doute pour cela qu'il y a plein de calvaires en Bretagne, pour contrer les coutumes païennes : "Des pierres druidiques, ici, on en verra de moins en moins puisque lorsque le clergé ne s'en sert pas dorénavant comme carrière pour construire des chapelles, il les catholicise en taillant une croix romaine à leur sommet. [...] Les religions se succèdent en se pénétrant. la nouvelle prend le dessus en avalant l'ancienne qu'elle digère avec le temps." (p. 19/20). Tout cela, qui forme le contexte du roman est fort bien rendu, qui le rend instructif et intéressant et qui explique en partie pourquoi et comment Fleur de tonnerre a pu "exercer" son fatal office pendant aussi longtemps, surtout si l'on ajoute que le choléra faisait encore des victimes et que certaines de l'empoisonneuse ont pu passer pour malades du choléra.
Là où je me lasse, c'est que bientôt le roman de Jean Teulé devient un macabre inventaire, un prétexte à accumuler des morts sans que rien d'autre ne change vraiment au gré des chapitres. Répétitif et morbide et même si le romancier sait se faire beaucoup plus discret que d'habitude, dans ses tournures de phrases, ses dialogues beaucoup moins fleuris, c'est peut-être cela d'ailleurs qui me surprend et me déçoit ici, une certaine "sagesse" du récit qui aurait sans doute mérité plus de truculence dont Jean Teulé sait user, parce que sur la longueur eh bien son roman devient ennuyeux. Un comble !
Encore une fois je n'accroche pas et je ne parviens pas à goûter totalement aux joies de la lecture teuléenne. Décidément, il est écrit que cet auteur n'est pas pour moi !