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Proies faciles

Publié le par Yv

Proies faciles, Miguelanxo Prado, Rue de Sèvres, 2017 (traduit par Sophie Hofnung).....

Espagne, début 2014, un commercial d'une banque est retrouvé mort chez lui. L'inspectrice Tabares et Sottilo son adjoint sont chargés de l'affaire. Bientôt, un autre meurtre d'une personne travaillant dans une banque, puis un autre, et encore un autre... Les policiers sont débordés et ne savent pas par quel bout prendre cette enquête. Des accidents fortuits ? Impossible, puisqu'il y a empoisonnements. Alors ? Un tueur en série ? Une machination ?

Miguelanxo Prado est un auteur de BD espagnol qui s'est plutôt illustré dans l'humour et la poésie (cf. Wikipédia). Il s'attaque à un genre très particulier, le polar social. Et il y excelle. Son ouvrage est très bon sur le scénario notamment, cette intrigue qui tient jusqu'au bout les flics et nous les lecteurs. On ne sait pas trop où il nous emmène, vers quel coupable. Lorsque la fin se dessine, si l'on n'est pas surpris parce que finalement c'est celle que l'on s'attendait un peu à lire et voir, eh bien, malgré tout, on se dit qu'il a mené fort brillamment son sujet et qu'il nous a baladés au long des presque cent pages.

On est en plein cœur de la crise, les gens perdent leur argent confié aux banques qui ont investi de manière légère et qui ne remboursent pas les pertes. Beaucoup de gens se retrouvent dans des situations difficiles, tendues et notamment des personnes âgées qui ont perdu l'argent de toute une vie et qui ne peuvent plus vivre décemment ni aider leurs enfants et petits-enfants eux-mêmes en difficulté à cause du chômage, des emplois précaires...

C'est la même histoire partout sur la planète, les riches sont de plus en plus riches, les pauvres s'appauvrissent et subissent la loi des quelques qui ont argent et pouvoir (cf. Trump et son gouvernement de milliardaires et millionnaires...). Miguelanxo Prado met tout cela en scène et c'est joliment fait. Dessin noir et blanc sur fond grisé centré sur les personnages, peu de décors extérieurs, mais lorsqu'ils sont présents, ils le sont d’une manière forte : traits droits des immeubles et des rues qui tranchent avec les courbes des humains. Dit comme cela, ça pourrait paraître sombre, mais ça ne l'est pas, le duo de flic fonctionne bien, plaisante et permet de comprendre l'escroquerie des banques. Les deux sont humains et n'entendent pas faire leur boulot salement, même s'ils sont là pour obéir aux ordres.

Une BD absolument formidable qui en plus de faire passer un bon moment, permet de se poser des questions, de réfléchir à la société que l'on veut. Et en cette année d'élections, il est indispensable de se poser la question et de la confronter aux programmes des différents candidats.

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I
Parfait : en voilà encore un qui me tentait et tu confirmes mon choix. Cet album va vite rejoindre ma PAL d'autant que je l'ai vu chez mes libraires préférées. Merci !!
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Y
Oui, je l'y ai vu aussi, et c'est vraiment une BD qui mérite le détour
V
très tentée ! ... mais invariablement freinée par le noir et blanc... pfff je m'agace moi-même!
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Y
Parfois pourtant le noir est blanc est très bien, la preuve ici
N
Intéressant dit comme ça... mais je l'ai feuilletée et j'ai un vrai souci avec le graphisme, du coup j'hésite...
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Y
C'est vrai que le graphisme joue un très grand rôle dans une BD
M
J'aime beaucoup la couverture et ce que tu nous dis me donne envie de la découvrir...C'est sûr que cette année et encore plus décisive que d'habitude pour notre avenir. Bon dimanche
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Y
Bonjour Manou, une BD extrêmement bien faite qui donne à réfléchir. Bon dimanche
S
Mon oeil a été attiré par l'illustration de couverture qui me plait beaucoup et ce que tu écris achève de me convaincre que cette BD est tout à fait pour moi : je n'aime pas trop les sujets d'actualité en BD mais quand c'est intelligemment mis en scène, ça me convient toujours.
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Y
C'est un sujet d'actualité certes, mais il risque d'y être très longtemps tant les inégalités se creusent et les plus riches en profitent pour s'enrichir encore (cf. F. Fillon par exemple et d'autres...). Un détail : si la couverture est en couleurs les dessins sont noir et blanc