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Comment devenir propriétaire d'un supermarché sur une île déserte

Publié le par Yv

Comment devenir propriétaire d'un supermarché sur une île déserte, Dimitris Sotakis, Intervalles, 2017 (traduit par Françoise Bienfait)...

Parti faire un reportage sur un soulèvement étudiant en Nouvelle-Guinée, un journaliste néo-zélandais, Robert Lhomme, fait naufrage sur une île déserte. Très vite, il prend conscience que c’est le moment pour lui d’accéder à ses souhaits les plus forts et notamment celui de la réussite sociale et professionnelle. Après mûre réflexion, il décide de construire un supermarché qui rayonnera sur l’île et sûrement au-delà.

Désopilant et déroutant ce roman. Il alterne le meilleur et le moins bon. Parlons tout de suite des choses qui fâchent : le roman traîne un peu en longueur, un homme seul sur une île se répète beaucoup tant dans ses propos que dans ses réflexions et cela se ressent. C’est parfois long, répétitif, à la limite de la logorrhée. Mais, dans tout ce fatras, on trouve de très belles pages et on ressort du roman avec une étrange sensation, celle d’avoir fait la connaissance d’un fou, d’un doux-dingue ou d’un homme qui pouvant enfin laisser libre cour à son ambition se retrouve dépassé par icelle.

La solitude ne pèse pas trop à Robert, tant qu'il est occupé, pour rien au monde il ne reviendrait dans la petite ville néo-zélandaise dans laquelle il vivait, mais il se verrait bien avec femmes et enfants après sa réussite professionnelle. Pendant les moments de pause, il accède à certaines réflexions philosophiques, à des remarques intéressantes : "La vie pourrait être tellement plus belle si, au lieu de la vivre vraiment, nous nous contentions d’attendre un avenir parfait, puisque l’attente renferme une jouissance indescriptible, elle est la ligne imaginaire entre l’existence et le non-existant ; lorsqu’on attend, on ne vit pas, on attend, on attend, et ce point zéro de l’attente nous rend presque infirme, nous maintenant dans une incapacité mentale à agir ou entreprendre quoi que ce soit." (p.82)

Globalement mon appréciation est positive parce que je trouve que l’auteur pousse son raisonnement au bout, jusqu’à l’absurde ; dans certains passages, on est carrément dans ce genre tant le propos devient irréel. Il peut devenir également drôle, franchement. D’ailleurs tout le roman est écrit sur un ton humoristique, désopilant comme dit en quatrième de couverture, ironique. Je ne suis pas un garçon ambitieux, je n’aime pas la compétition, je suis donc assez loin du monde que se crée Robert Lhomme, mais il faut bien reconnaître que nous avons tous en nous des envies, des désirs lesquels, poussés à l’extrême, peuvent nous envahir, surtout si l’on se retrouve seul sur une île. Le mien par exemple serait que mon blog devienne le blog cité en exemple, le truc incontournable que tout le monde de la littérature -et plus large- viendrait consulter et dont on parlerait dans les soirées auxquelles je n'irais pas ma claustro-asociabilité m'en empêchant... enfin, THE blog quoi ! Mais bon, entretenir un blog sur une île déserte..., sans électricité et sans ordinateur...

Qu'en penserait Robert Lhomme, sans doute trouverait-il une solution ?

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K
Je l'avais repéré lors du dernier Masse Critique mais j'en avais reçu un autre. Bien que le titre et le résumé me plaisent ta critique est la plus positive que j'ai lue à son sujet. Et elle est mitigée... <br /> A moins de le trouver d'occase ou à la bibli je crois que je vais passer mon tour.
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Y
Oui, je suis assez mitigé, néanmoins, malgré les longueurs, le roman est loin d'être désagréable
I
J'adore ce titre !!!! Mais à la lecture de ton billet, je n'irai pas plus loin : sûre de ne pas être bon public de ce genre d'humour. Quant au blog : je te le souhaite ! ;-)
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Y
Merci.
Z
Assez improbable comme bouquin ! Tu sais que pour beaucoup ton blogue est THE blogue !
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Y
Merci Zazy
N
Mouarf ! Le titre et ton billet sont réjouissants ! ^^
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Y
l'idée de départ est assez barrée et le titre en dit long
A
Une claustro-asociablité ? Rien que ça !
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Y
c'est un mélange des deux quoi, mais je sors quand même...
H
J'aime bien la blague de keisha ;-) Pour ta réussite bloguesque il ne te reste plus qu'à créer un vlog ;-) Tu vas cartonner !
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Y
Sûrement, mais c'est quoi un vlog ?
K
Je crains un peu que ça tourne en rond (normal, sur une ile ^_^)
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Y
sauf si l'île est carrée...
M
En tous les cas, le titre est vraiment tentant, on imagine tout de suite l'ambiance du livre et en plus comme d'habitude, tu en parles très bien, nous donnant à imaginer le contenu et nous présentant le positif et le négatif...Merci
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Y
Oui, le sujet est tentant, l'écriture très plaisante mais parfois, ça tourne en rond