Ça coince ! (36)

Alexandre ou la vie éclatée, Alexis Varlamov, Ed. Motifs, 2016 (traduit par Pierre Baccheretti).
"Russie 1963-1993, de Brejnev à Eltsine. Dans sa quête du sens de la vie et aussi, de Cosette, le seul amour véritable de sa courte existence, le héros, Alexandre, le petit, le sans-grade, le "paumé", traverse, sans la comprendre, et animé de son seul instinct "d'amour et de mort", cette période charnière de la fin prochaine de l'Union soviétique et de l'éclatement de son empire, avec pour tout avenir, la promesse improbable de l'arrivée d'une Russie dite "nouvelle"." (4ème de couverture)
Cette même 4ème continue en ces termes : "Ça c'est un roman !" s'exclame le lecteur en refermant le livre." Bon, à croire que je ne suis pas lecteur. Je m'y ennuie ferme, Les deux héros, Alexandre et Liova son ami sont pâles, inodores et sans saveur. Catherine, dite Cosette, n'est pas plus intéressante. C’est mou et rien ne me retient dans ce livre. L'ensemble traîne en longueur même lorsqu'il se passe quelque chose.
L’écriture est à la limite du désagréable, de longues phrases assez malhabiles (voyez par exemple celle du résumé du roman, citée en tout début de mon article) avec parfois des essais de vocabulaire un peu recherché qui finalement font tâche. L’âme slave a déserté ce bouquin, ainsi que le souffle, à moins que ça ne soit celui d’un asthmatique.

Dans la foule, Laurent Mauvignier, Minuit 2006 (poche, 2009)..
29 mai 1985, les supporters arrivent de toute l'Europe à Bruxelles, pour assister à la finale de la coupe d'Europe des champions entre Liverpool et la Juventus de Turin qui se jouera au stade du Heysel. Jeff et Tonino de France, Geoff et ses frères de Grande-Bretagne, Tana et Francesco d'Italie, Gabriel et Virginie les locaux. Ce soir-là, les hooligans feront tragiquement parler d'eux. Leur folie entraînera bousculades et bagarres, avec beaucoup de morts et blessés pour conclusion. Le match se jouera quand même, pour calmer les esprits.
On m'a dit et on dit en général beaucoup de bien de Laurent Mauvignier que je découvre avec ce titre qui, le moins que je puisse dire à son propos est qu'il ne m'a pas du tout convaincu. Si le contexte n'est pas ma tasse de thé, et non, je n'aime pas le foot -c'est un euphémisme-, je pensais que comme ce sport -bien qu'à cette échelle, il faille parler de business- n'étant justement que le contexte, tout ce qu'il y avait autour du drame de ce soir de finale, la montée de la tension, les personnages qui devaient évoluer pendant tout le roman, tout cela pensais-je donc devait me plaire. Las, je m'y ennuie dès le départ, et pourtant il n'y est pas encore beaucoup question de football. De fait, ce roman s'embourbe dans une tonne de détails. Laurent Mauvignier écrit bien, je ne le conteste pas, il a d'ailleurs tout pour me plaire à ce niveau, simplicité, phrases courtes, directes, mais justement, là il ne va pas au plus court. Il détaille, se perd dans des apartés longs, des descriptions qui ne me semblent pas utiles, ratant ainsi la vraie profondeur de ses personnages même s'il la frôle, la touche du doigt, la voilà délayée dans du fade, du mou ; son roman perd en densité. Lorsqu'il m'aurait plu de lire un roman court, serré, vif et âpre, il en fait un long texte avec des propos qui ne lui apportent rien si ce n'est de la lenteur et du délayage. A mon goût et mon humble avis de lecteur, le roman aurait eu plus de puissance en étant plus court.