Qu'importe la hauteur du saut
Qu'importe la hauteur du saut (pourvu que le parachute s'ouvre), Martin Rouz, auto-édition, 2015...,
Yohann Brakash est informaticien, taiseux, solitaire. Il travaille pour un très grand groupe, KeOps dont le patron, Alain Jaret a des accointances politiques en très haut lieu. Jaret mène des affaires louches -pour user d'un euphémisme- en tirant toutes les ficelles de ses relations, n'hésitant donc pas à les impliquer. Marion Bellegarde, l'ex de Yohann est une journaliste pugnace et ambitieuse auréolée d'une réussite récente et d'une excellente réputation auprès de ses pairs et du public.
Lorsqu'une prise d'otages à l'ambassade de France de Tripoli tourne au carnage et que le GIGN est en ligne de mire, l'un de ces gendarmes d'élite, alerte Marion de cette bavure dont réellement la DGSE est coupable. Marion, Yohann et quelques autres n'auront de cesse de faire tomber les têtes des vrais coupables.
Mon résumé est un peu long, mais pour ma défense, ce roman est difficilement résumable à quelques lignes tant il est touffu en termes d'intrigue et de personnages. On peut d'ailleurs s'interroger parfois sur la vraisemblance des faits -bien que l'on ait eu vent de tellement d'affaires politico-financières sans doute beaucoup plus rocambolesques que ce que l'on imagine, et certains ont encore tellement de casseroles aux fesses que les faits semblent tout à fait possibles si ce n'est réels- enfin, c'est surtout la manière dont Yohann récolte toutes les informations qu'il détient qui pose question, même si tout s'éclaire à la fin. Voilà ma seule petite -car elle n'entame pas le vrai plaisir de lecture- réserve sur ce roman.
L'intrigue un rien alambiquée et le grand nombre de personnages ne m'ont pas dérangé parce que tout est amené tranquillement, petit à petit et on a le temps de situer un protagoniste avant de passer à un autre. On est autant dans le roman policier que d'espionnage, fort bien mené jusqu'au bout. Toutes les portes qu'ouvre Martin Rouz, et elles sont nombreuses, se referment une à une, personne n'est laissé en rade. Bien écrit, style direct rapide notamment grâce aux dialogues, les descriptions ne sont jamais très longues ; pas mal mis en page -bon quelques erreurs de découpage mais rien d'affolant- la qualité est au rendez-vous. Essentiellement centré sur l'intrigue et la recherche de la vérité, Martin Rouz ne s'attarde pas beaucoup sur ses personnages et l'on aimerait en savoir un peu plus sur eux, mais peut-être reviendront-ils pour d'autres aventures ? On a quelques bribes de la vie de couple de Yohann et Marion, mais pas grand chose sur leurs passés. Mais à sa décharge, je dois dire que l'intrigue est suffisamment complexe pour tenir les 320 pages sans qu'on soit distrait par autre chose. Néanmoins, pas de panique, si elle est compliquée, elle est très largement compréhensible par tout lecteur.
Je ne lis que peu de roman auto-édités -jamais en livre électronique, pas équipé, et un peu vieux jeu, mais j'assume- et pour que je cède aux nombreuses demandes, il faut un petit kekchose en plus. Martin Rouz l'avait dans son courriel, court, sobre et précis -un peu de Yohann Brakash en lui ?- et à la fois dans le titre -avec son sous-titre- de son livre et dans sa présentation : "Roman ( à tendance policière)", sans oublier la couverture, simple et sobre en apparence et qui est une photo de Philippe Leroyer décrite comme cela : "Le 4 novembre 2011, trois cents Indignés pacifistes dépliaient leurs tentes sur l'esplanade de La Défense pur dénoncer les abus du néolibéralisme financier. Ils furent violemment délogés par les CRS. Seuls ces deux cartons résistèrent à l'assaut." Comme quoi, cette photo qui peut sembler banale voire anodine colle parfaitement à ce roman, pas si banal ou anodin que cela sous ses attraits amusants.
Martin Rouz a un site (cliquez sur son nom) que je vous conseille d'aller visiter, histoire d'avoir encore plus de renseignements sur son ouvrage que je vous conseille itou...