Jeux Tue Ils
Jeux Tue Ils, Muriel Houri, Flamant noir, 2016.....
Alice vit en région parisienne. Mariée à Julien et mère de deux enfants. Elle n'a plus goût à la vie depuis que sa fille Sally est morte écrasée par une voiture, elle avait à peine deux ans. Alice vivote donc dans son pavillon entre et pour Julien et Jack leur fils de trois ans. Un soir, lors d'une fête dans sa maison, elle s'isole et s'endort sur le canapé. A son réveil, un mot dans sa main lui faisant croire que son mari a une maîtresse prénommée Myriam. Puis d'autres messages suivent, des textos sur son portable, celui qui va déclencher sa peur : "Myriam est morte...", et bientôt d'autres très menaçants pour elle et son fils. Alice n'a pas d'autre choix que de suivre les règles du jeu que son interlocuteur lui impose.
Je suis loin, très loin d'être un spécialiste du thriller, genre qui joue sur nos peurs et nos angoisses. Je serais bien incapable de dire si tel ou tel est écrit avec des grosses ficelles -encore que certaines sont quand même très vite identifiables-, mais il me semble que celui de Muriel Houri est finement bâti et habilement mené. Enfin, moi, il m'a plu de bout en bout. Le lecteur est beaucoup dans la tête d'Alice, un peu dans celle de Julien et parfois dans celle d'autres intervenants, amis du couple ou famille que l'on sent manipulateurs, pas "francs du collier" comme disait mon papa. Tous les personnages sont troubles, bizarres, étranges. On sent que chacun d'eux à un truc à cacher, même Alice qui semble la plus fragile, qui est la plus présente du roman, puisque c'est elle qui est choisie pour cible du jeu mené par... Par qui d'ailleurs ? J'avoue avoir été bien incapable de penser à un des protagonistes en particulier.
Julien et Alice sont enfermés dans leur mutisme, il aurait suffit d'un rien, d'un mot pour que toute cette histoire montée en thriller se déballonne très vite et ne soit qu'une explication peut-être un peu vive entre deux conjoints. Mais bon, je concède que vu comme cela, le roman aurait fait trente pages assez plates et qu'il n'aurait pas eu l'effet escompté par l'auteure, celui de tordre un peu les boyaux du lecteur sensible que je suis.
On ne lit pas un thriller pour le style littéraire adopté par son auteur -même si en la matière, Muriel Houri n'a pas à rougir, son écriture est directe, simple et fluide- mais pour son efficacité, et croyez-moi sur parole celui-ci en regorge : à peine 400 pages avalées en un rien de temps, car tout juste posé sur un coin de table ce roman reprendra place entre vos mains fébriles jusqu'à son dénouement.
Dernier né de la famille Flamant noir -pour le moment, il y en aura encore plein d'autres- et deuxième livre de l'auteure édité par la maison, je le trouve nettement meilleur que Menace que j'avais pourtant beaucoup apprécié. Plus angoissant. Un excellent cru.