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Hérétiques

Publié le par Yv

Hérétiques, Leonardo Padura, Métailié, 2015 (traduit par Elena Zayas)...,

2007, Mario Conde est engagé pour retrouver un tableau de Rembrandt, mis en vente à Londres et volé à des juifs en exil avant la seconde guerre mondiale. En 1939, ce tableau aurait dû permettre à la famille de Daniel Kaminsky de descendre du paquebot S. S. Saint Louis, parti de Hambourg avec à son bord presque mille juifs quittant l'Allemagne ; malheureusement, ils ne seront jamais autorisés à quitter le bord et le paquebot repartira vers l'Europe. Retour en 2007 où Elias Kaminsky, fils de Daniel, veut faire le point sur le trajet de ce tableau, censé n'avoir jamais quitté le paquebot et pourtant qui est resté longtemps à Cuba avant d'être mis en vente. Leonardo Padura décrit également l'Amsterdam des années 1640, celle de Rembrandt et de son atelier foisonnant.

Quel roman, les amis, quel roman ! Leonardo Padura nous promène dans les rues de La Havane, puis dans celles d'Amsterdam du 17° avec autant de verve. Extrêmement documenté, c'est un pavé qui se lit avec avidité. Construit en quatre parties : Le livre de Daniel, Le livre d’Élias, le livre de Judith et Genèsee, références bibliques obligent. Je dois vous dire que malgré mon plaisir de retrouver Mario Conde, j'ai senti beaucoup de lourdeurs et de longueurs dans ce roman. Les deux seules parties qui m'ont vraiment intéressé sont celles ou Conde enquête (Le livre de Daniel et Le livre de Judith). Celle qui concerne Rembrandt (Le livre d’Élias) m'a paru très longue, et j'y ai passé beaucoup de paragraphes sans que cela ne nuise à ma bonne compréhension de l'intrigue du roman. Je reste persuadé que l'on peut aimer et même conseiller un livre alors qu'on ne l'a pas lu en entier, surtout celui-ci qui aurait pu faire trois livres différents, édités individuellement.

Mario Conde est né au mitan des années cinquante, juste avant la révolution, il n'a donc connu quasiment que le règne de Castro dans lequel la religion était interdite. C'est pourquoi, il se pose énormément de questions sur la croyance religieuse. Ses recherches le feront rencontrer des juifs pratiquants, des non-croyants, d'autres qui reviennent à la religion après l'avoir quittée, puis dans la troisième partie, des jeunes gens en recherche d'identité, émo, rockeurs, ... qui amalgament toutes leurs lectures et leur éducation et ressortent le tout en un galimatias à peine compréhensible de croyance en la mort de Dieu (ce qui tendrait à penser qu'il a existé), au bouddhisme, à la métempsycose, ... : en bon athée (comme Conde), ce ne sont pas des questions qui me taraudent, loin de là, et là encore, j'ai sauté des passages longs et répétitifs. Néanmoins certaines phrases m'ont bien plu : "Parce que , ces jours-ci, certaines choses m'ont fait penser que c'est plus facile de croire en Dieu que de ne pas y croire... Tu te rends compte, si Dieu n'existe pas, aucun Dieu, alors que les hommes se sont toujours détestés et entretués pour leurs dieux et pour la promesse d'un au-delà meilleur... si, en vérité, il n'y a ni Dieu, ni au-delà, ni rien.." (p.501) A écouter aussi, la chanson de Souchon, Et si en plus y'a personne.

J'ai été par contre beaucoup plus intéressé par les questionnements de Conde sur son pays qui change en s'ouvrant mais pas forcément pour un mieux-être des Cubains, la jeunesse est en perdition, ne rêve que d'argent facile et de rejeter tout ce que leurs aînés ont avalé pendant cinquante ans. De même les doutes de Conde quant à son engagement auprès de Tamara la femme qu'il aime depuis vingt ans sont intéressants et attendrissants de la part de ce cinquantenaire habitué aux situations difficiles et très emprunté devant la femme qu'il aime.

Ce roman absolument fou et flamboyant recèle des trésors, même s'il contient également des obstacles. Leonardo Padura a mis trois ans pour l'écrire, mais étant donné l'érudition, la qualité du style et des informations apportées, nul ne saurait s'en étonner. Très bonne lecture, même si pour moi, elle reste très en-deçà d'un de ses romans précédents, excellentissime, L'homme qui aimait les chiens.

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D
Moi aussi, j'ai été emballée, impressionnée, conquise!
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Y
J'ai, et de loin, préféré, L'homme qui aimait les chiens
B
fou et flamboyant - en effet.... dans son ensemble (malgré quelques longueurs) j'ai été conquis par la densité du récit ....par la somme de livres en un,la traduction impeccable. Content que tu as aimé - même si tu préfères "L'homme qui aimait les chiens" bcp moins dense.
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Y
En fait, ce que j'aime -un tout petit peu- moins dans ce livre ce sont justement ces longueurs que je n'ai pas trouvées dans L'homme qui aimait les chiens, moins dense peut-être, mais captivant par la force de l'écriture de L. Padura
Z
Une tentation de plus...
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Y
Oui, mais là, il faut avoir un peu de temps, c'est un pavé
E
Comme je ne l'ai encore jamais lu, je vais peut-être plutôt me pencher sur L'homme qui aimait les chiens.
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Y
Pour moi, bien meilleur, mais les deux sont bons
L
En ce jour de disparition de Umberto Eco, je ne peux m'empecher de faire le parallele avec le nom de la rose. Un gros livre, passionnant,bourré d'érudition, mais on on peut sans probleme sauter 30 % des pages.Je sens que ma version poche va rester quelques temps dans la Pal avant que j'ai le déclic.
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Y
Je n'ai jamais lu Umberto Eco, la tâche m'a semblé ardue,mais je l'ai beaucoup écouté et je le trouve passionnant, surtout lorsqu'il parle avec JC Carrière
J
J'ai beaucoup aimé, je vais suivre tes conseils et me programmer L'homme qui aimait les chiens.
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Y
Encore mieux selon moi
A
Il faut absolument que je découvre cet auteur.
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Y
Ah oui alors, je ne peux que te le conseiller très fortement
A
J'avais beaucoup aimé L'homme qui aimait les chiens. Hérétiques et dans ma PAL depuis peu.
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Y
j'ai très nettement préféré L'homme qui aimait les chiens, mais il est dans mon panthéon personnel. Hérétiques est plus long, mais même long, Padura, c'est bon
V
whaouh, tu me donnes sacrément envie là, rien que pour le voyage !
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Y
A vec Leonardo Padura, c'est toujours un beau voyage
K
Quelques longueurs sans doute, mais cela reste flamboyant!!! J'ai appris plein de choses, ah oui, c'est copieux (on est loin des trucs minuscules auto centrés)
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Y
Oui, c'est du roman comme on les aime, instructif, dans lequel il se passe beaucoup de choses. Du souffle !