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La belle affaire

Publié le par Yv

La belle affaire, Sonia Ristić, Intervalles, août 2015... 

Nadja, la quarantaine à peine entamée, mariée à Paul, deux enfants des jumeaux Marie et Jo, passe tous ses étés depuis quelques années loin des siens à donner des cours sur le cinéma dans une université du Vermont, États-Unis. Comme à chaque fois, elle coupe totalement les liens, oublie jusqu'aux prénoms de son mari et ses enfants pendant cette période, même si elle les aime profondément. Elle débutera an affair, comme on dit aux États-Unis, entre une aventure et un adultère avec Patrick, un autre professeur. C'est aussi le moment pour elle de faire le point sur sa vie, sur son enfance particulière, en Afrique, cette enfance brutalement stoppée.

Voici un roman qui me laisse une sensation bizarre : je suis à la fois sûr que j'avais en mains un livre intéressant, bien écrit, très plaisant et jamais je n'ai vraiment réussi à enter en contact avec Nadja, à la comprendre ni même à vraiment croire à sa transformation. Rien ne nous montre quels sont les ressorts qui lui font prendre conscience de sa vie ou alors, je suis passé à côté. Nadja, prénom référence à André Breton -vieux souvenir de lecture- ne m'a pas totalement convaincu. Elle est comme absente de sa vie, même si elle est omniprésente dans le roman. Elle avance sans vivre sa vie, la traverse, telle une somnambule, oublie les événements aussitôt qu'elle les a vécus aussi forts soient-ils et l'on sait que tout cela est lié à une histoire vieille de vingt-cinq ans, lorsque ses parents ont quitté avec elle précipitamment le pays d'Afrique dans lequel ils vivaient. Petit à petit, on comprend, tout s'éclairera en fin d'ouvrage. "A quinze ans, Nadja avait eu l'impression d'aller à sa propre rencontre, dans ce mélange d'excitation, de rage et d'apathie propre à l'adolescence. Puis les choses s'étaient enchaînées comme elles s'étaient enchaînées, l'excitation et la rage avaient pâli, l'apathie avait pris toute la place, d'autres avaient commencé à décider pour elle, ses parents d'abord, puis le docteur Cohen, puis Paul, et elle avait tout le temps froid, elle avait tout le temps peur, elle s'était mise à tout oublier, tout sauf ce dont on lui avait interdit de se souvenir." (p.30)

Nadja est comme un cerf-volant, elle subit les vents, suit les courants ceux que lui impose son travail d'écrivaine et de cinéaste, son fil qui la retient et la relie à la terre c'est Paul, son mari. Je m'intéresse alors au manque de réaction de Nadja, à son manque d'ancrage dans sa vie plus qu'aux raisons de son état, et le roman m'apparaît comme celui d'une femme qui tente de sortir d'une longue léthargie, d'une déprime, ou plutôt qui en sort presque malgré elle, car encore une fois, elle n'est pas actrice de cette guérison.

Courts chapitres qui donnent un peu de rythme, court roman (146 pages) qui permet de ne pas avoir de longueurs, car malgré mes réserves, je n'ai jamais ressenti de lassitude de tenir ce livre dans mes mains, je l'ai toujours repris avec plaisir lorsque je l'avais posé auparavant. L'écriture sûrement y est pour une grande partie, simple, accessible, mais aussi l'envie de savoir si enfin Nadja allait prendre sa vie en mains.

A découvrir, j'ai hâte de lire les autres articles sur ce roman, je le ferai avec attention et grand intérêt

Commenter cet article
A
Le personnage principal a l'air bien énigmatique.
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Y
C'est le moins que 'on puisse dire et les ambiguïtés durent
G
Ce que tu en dis éveille ma curiosité... C'est un sujet qui m'intéresse.
Répondre
Y
Alors que moi ça ne l'éveille pas plus que cela