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Deux brûle-parfums

Publié le par Yv

Deux brûle-parfums, Eileen Chang, Zulma, 2015, (traduit par Emmanuelle Péchenart)...,

Deux petits romans se succèdent dans ce livre. Tous deux ont en point commun de se dérouler à Hong Kong au temps de la colonie britannique. Premier brûle parfum : Wei-Lung, jeune femme de famille modeste sollicite sa tante Madame Liang pour l'aider à continuer ses études dans cette ville, ses parents étant obligés de rentrer à Shangaï. La réputation de Madame Liang est plutôt sulfureuse, femme qui multiplie les amants pour maintenir son niveau de vie et qui ayant dépassé la cinquantaine espère avec l'arrivé de Wei-Lung attirer de jeunes hommes.

Second brûle-parfum : Roger Empton, professeur estimé et réputé, quarante ans, épouse la jeune Susie Mitchell, un peu plus de vingt ans. L'éducation de la jeune femme est très stricte et elle ne connaît rien aux choses de l'amour. Sa nuit de noce sera une désagréable surprise, au point de mettre à mal la réputation de son mari.

Eileen Chang est une écrivaine née en 1920 qui a commencé à écrire dès ses vingt ans et a fini sa vie en 1995 à Los Angeles. Deux brûle-parfums est écrit en 1943. Je ne suis point féru ni même amateur de littérature asiatique, j'ai toujours un peu de mal à entrer dedans. Ce livre fait un peu exception, parce que j'y ai trouvé beaucoup de charme et d'élégance dans l'écriture, dans les histoires joliment racontées qui sont quand même assez terribles, désenchantées et font la part belle à des personnages qui ont franchi les limites de la bonne société (notamment dans le premier brûle-parfum). Quelques passages descriptifs m'ont semblé longs, répétitifs, mais l'ensemble est plaisant, feutré, rien n'est expressément dit, tout est suggéré ; là où l'on aurait pu faire un roman trash, l'auteure fait dans la délicatesse. Elle crée des personnages en proie aux soucis de l'époque dans la belle société argentée ou en grand désir de l'être. Les passions, les ruses, les mises en scène, la rumeur, rien n'est éludé. Ni même le racisme ordinaire en cours à Hong Kong à l'époque : "Mais oui, [...] je suis une sang-mêlé, moi aussi j'en souffre. Regardez, les seuls partis que nous pourrons trouver, ce sont des garçons comme nous. Certainement pas des Chinois, parce qu'avec notre éducation étrangère nous ne pouvons pas nous entendre avec les Chinois de souche. Pas des étrangers non plus ! Lequel parmi les Blancs qui vivent ici n'a pas de préjugés raciaux ? Et même si l'un d'entre eux voulait un tel mariage, la société s'y opposerait. Celui qui épouse une Orientale, il peut faire une croix sur sa carrière. Personne, de nos jours, ne serait encore assez stupidement romantique pour s'y risquer." (p.69/70) Comme quoi, rien en change...

Pour résumer : une bien agréable surprise que cette traduction -tardive- d'Eileen Chang qui n'a rien à envier aux meilleurs écrivains occidentaux de l'époque tant par son écriture que par l'ambiance qu'elle crée, charmante, très bonne société anglaise du début du siècle dernier avec des personnages ciselés, totalement coincés par les carcans de la société dans laquelle ils vivent.

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A
So british !
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Y
Yes Madam
E
Je l'ai aperçu aussi - je serai dorénavant plus tentée car j'aime cette période historique. Par contre, ne serait-il pas mieux de le lire en anglais ?
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Y
la lecture en VO, pourquoi pas ? Mais j'avoue que si je peux me débrouiller en anglais, me faire comprendre, voire même comprendre des films ou des séries en VO(si possible sous-titrées quand même), je serais bien incapable de lire en la langue, je raterais beaucoup de notions, de détails voire d'événements importants
Z
Pas souvent déçue par Zulma
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Y
moi non plus
H
On est rarement déçu par zulma !
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K
Il me semble l'avoir aperçu à la bibli, celui là. Mais je ne voayis pas trop ce que ça pouvait donner, alors merci!
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Y
tu as raison ça n'arrive que très rarement
Y
je t'en prie, une découverte intéressante