Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Étrange printemps aux Glénan

Publié le par Yv

Étrange printemps aux Glénan, Jean-Luc Bannalec, Presses de la cité, 2015 (traduit par Amélie de Maupeou)....

Trois corps sont retrouvés sur une plage des Glénan. Le naufrage est vite écarté lorsque le commissaire Georges Dupin apprend que les victimes étaient droguées. L'une d'elles est un homme d'affaires très lié aux milieux politiques, l'autre est un navigateur ayant gagné plusieurs courses et le troisième un industriel riche. Bien accueilli aux Glénan malgré la nouvelle, le commissaire commence son enquête dans ce lagon exceptionnel ; il lui faudra travailler avec les éléments naturels, mais aussi avec le préfet sans cesse sur son dos.

Deuxième aventure pour le commissaire Georges Dupin après Un été à Pont-Aven. Je rappelle, pour ceux qui ne me lisent pas attentivement, d'abord que ce n'est pas bien et ensuite que Jean-Luc Bannalec est le pseudonyme d'un écrivain allemand amoureux de la Bretagne, d'où la traduction d'Amélie de Maupeou. Georges Dupin -j'imagine un hommage aux écrivains, Simenon, George Sand née Dupin- est un commissaire parisien arrivé à Concarneau quatre années auparavant et qui se plaît tellement en Bretagne qu'il en adopte rapidement les coutumes. Bougon, il mène son enquête comme il le veut, cherche absolument dans tous les coins, toutes les idées sont creusées, abandonnées si elles ne donnent rien, mais d'autres surgissent. "Il n'était pas rare qu'une enquête révèle plusieurs pistes sérieuses, mais la plupart du temps, l'une des deux refroidissait au fil des investigations, petit à petit ou d'un coup, selon l'affaire. Dans ce cas, c'était le contraire : les pistes se démultipliaient sans cesse." (p.320)

L'intrigue est bien menée, et l'on hésite longtemps entre la piste politico-magouilles (dans laquelle plusieurs hypothèses sont évoquées, comme quoi l'imagination des escrocs déborde) ou celle d'une jalousie, d'un simple règlement de compte sur fond de recherche de trésors (beaucoup d'épaves sont échouées au large de l'archipel). Mon seul bémol est sur l'omniprésence du portable : pendant les trois jours, le commissaire l'a vissé à son oreille et l'on n'échappe pas aux conversations, qui apportent des indices certes, mais qui peuvent être parfois fatigantes. On m'objectera que la situation sur des îles, loin de tout contact l'exigeait. Sans doute, mais pourquoi désormais les enquêtes nécessitent-elles toutes une surabondance des dernières technologies ? Voilà, moi aussi, quand je veux, je peux être bougon, comme Georges Dupin, qui, malgré mon ronchonnement m'a fait passer un excellent moment. Dupin, il s'installe dans un lieu, il y reste pour bien comprendre les us et coutumes, pour bien cerner les habitants -d'où cet éloignement et l'usage immodéré du portable, sûrement. Son truc, c'est de regarder, écouter, comprendre tout et tous : "J'aimerais que nous interrogions une nouvelle fois tous les gens d'ici. Quelles relations les liaient aux trois victimes ? J'ai besoin de comprendre précisément le fonctionnement de cette communauté. Je veux avoir une image très précise de ce petit monde." (p. 274) C'est formidable parce que le roman devient une belle galerie de personnages tous plus crédibles les uns que les autres, tant les suspects que les collègues de Dupin, Nolwenn sa secrétaire en tête, car si on ne la "voit" jamais, elle est la clef de voûte de l'édifice qui passe son temps au téléphone à donner des informations, à calmer le préfet, à distiller moult détails sur la Bretagne et à glaner tous les renseignement voulus par son patron. Mais ce roman est aussi une magnifique vitrine pour la Bretagne. Vous voulez visiter la région ? Pas de souci, prenez un des deux -ou les deux- romans de JL Bannalec, ils valent largement un guide touristique. Je suis même persuadé qu'il est plus complet et qu'il peut en apprendre aux Bretons de Bretagne, qui,comme chacun de nous près de chez lui, à force de vivre dans ces endroits, ne les voient plus avec l'œil du découvreur.

Gros succès en Allemagne où les deux romans ont été adaptés pour une série télévisée in situ ; rien que pour voir Concarneau et les Glénan, je veux bien les regarder -j'espère que les polars allemands ont évolué depuis Derrick !-, même si le mieux est d'y aller en vrai.

Commenter cet article
E
Rien que pour Bretagne, je note. Magnifique couverture en plus.
Répondre
A
Comme c'est beau..... soupirs.
Répondre
L
Je vais commencer par le premier bientôt...<br /> Le Papou
Répondre
Y
c'est mieux dans l'ordre mais pas indispensable
Z
Viens chez moi, nous sommes en zone grise pour les portables !
Répondre
Y
Une invitation, je note...
O
Bonjour Yv<br /> Un roman que j'ai beaucoup aimé, de même que le premier opus consacré à Georges Dupin d'ailleurs. <br /> Et je le retrouverai avec plaisir...<br /> Amitiés
Répondre
Y
Bonjour Paul, <br /> moi aussi, je le retrouverai avec grand plaisir dans un coin de Bretagne qu'il nous fera visiter.<br /> Amicalement
C
Salut Yves<br /> Il faut que tu entres dans le 21e siècle : toute la population française (sauf moi) a un téléphone portable (ou un Ipad) greffé dans le main, qui sert à tout même parfois à téléphoner... Bon, je plaisante (mais c'est vrai)... Oui, ce roman donne envie d'explorer les Glenan !<br /> Amitiés.
Répondre
Y
Salut Claude,<br /> j'ai aussi cet engin qui sert à téléphoner, mais je ne me le suis pas fait greffer, au contraire, je l'éloigne même de plus en plus...<br /> Amicalement,
A
Ce roman devrait bientôt intégrer ma PAL. Il est actuellement à Bannalec, la commune où habitent mes parents ( ça ne s'invente pas !). Ils se sont bien sûr empressés d'acheter le deuxième tome. Ma mère a en plus assisté à un petit bout du tournage du premier film. L'action se déroule à Concarneau et elle a pu prendre son petit café à la terrasse de l'Amiral, tout en regardant la scène filmée dans cette brasserie.
Répondre
Y
Bannalec, d'où le pseudonyme de l'auteur. Une série vraiment chouette, dans ton commentaire, je vois que tous les coins chers à Dupin sont bien réels