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Moi, Surunen, libérateur des peuples opprimés

Publié le par Yv

Moi, Surunen, libérateur des peuples opprimés, Arto Paasilinna, Denoël, 2015 (traduit par Anne Colin du Terrail)...,

Viljo Surunen est professeur de philologie à l'Université d'Helsinki. Il est aussi, avec son amie, la professeure de musique Anneli Immonen un ardent militant à Amnesty International. Un jour, il se rend compte qu'écrire des lettres aux chefs d'états pour obtenir la libération de tel ou tel opposant politique ne suffit plus, il doit aller directement dans les pays concernés pour les libérer. Depuis des années il parraine un prisonnier politique au Macabraguay, dictature d'Amérique centrale. Il décide de s'y rendre par ses propres moyens, soutenu par Anneli Immonen.

Remarque liminaire, Arto Paasilinna a écrit ce roman en 1986, il n'est traduit en français (admirablement, comme toujours par Anne Colin du Terrail) que cette année. Il faudra donc que le lecteur fasse l'effort de se replonger dans ces années où le téléphone portable n'existait pas, ni Internet, où le mur de Berlin était encore debout (je précise, car après le Macabraguay, Viljo Surunen ira de l'autre côté du mur en Vachardoslavie), où moi-même je pensais à bien autre chose qu'à un journal de mes lectures (bon, je lisais déjà pas mal, mais j'entamais ma brève et médiocre carrière d'étudiant, j'avais d'autres occupations : sortir, étudier, sortir, me reposer parce que les sorties, ça fatigue, sortir parce que je m'étais bien reposé, étudier ? ah oui, tiens, une bonne idée... mes enfants, merci de ne pas me lire ou de croire que ce ne sont là que des sornettes destinées à mettre mon lectorat en appétit, parce que là, c'est pas pareil, c'est moi qui paie vos études...)

Bon, revenons donc à Surunen après cet avant-propos qui s'est un peu éloigné du sujet. La première partie, celle qui se déroule au Macabraguay est un peu longue, il aurait fallu tailler un peu dedans pour garder le rythme tout du long. La seconde partie, en Vachardoslavie, est plus courte, nettement plus dynamique. La différence entre ces deux parties donne un livre déséquilibré, j'aurais préféré deux parties équivalentes, un roman plus ramassé, plus court d'au moins une bonne soixantaine de pages. Il finit néanmoins sur la partie la plus rythmée, je reste donc sur une belle impression. Et puis, la plume légère et drôle d'Arto Paasilinna fait le reste, ses personnages sont toujours barrés, ils ont un gros grain, se mettent dans des situations abracadabrantesques comme dirait certain, sous couvert de la poésie d'Arthur Rimbaud. Surunen n'est pas un sur-homme ni un super héros, mais il réussira des exploits et subira des tortures qui me font encore frissonner, mais tout cela avec le sourire (le mien, parce que le sien sur le moment n'était pas vraiment sur ses lèvres). Sûr de son bon droit, il file et se moque des dangers. Au passage, Arto Paasilinna en profite pour mettre dans le même panier les dictatures installées et soutenues par les États-Unis à grand renfort de dollars et de soutien logistique et les dictatures soutenues, encouragées et souhaitées par l'URSS de l'époque. Les discours ne sont pas les mêmes, certains ne jurent que par le capitalisme, alors que les autres ne croient qu'au communisme, mais les résultats sont les mêmes : les dirigeants s'enrichissent, mettent en prison ou en camps les opposants ou les font tuer sous divers prétextes, et le peuple souffre.

Conclusion, bien qu'un peu long, ce roman d'Arto Paasilinna ancré dans une triste réalité, celle des dictatures, réjouira les lecteurs pas son sens de l'absurde, la folie douce de ses personnages. Un pari réussi que de faire rire ou sourire avec un thème a priori grave.

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Z
Je note, j'adore la dérision
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Y
Paasilinna est coutumier du fait, ses livres sont toujours décalés
I
Frileuse avec cet auteur découvert avec Le potager des malfaiteurs ayant échappé à la pendaison... J'avais été déçue. Le côté politique m'intéressait, mais le récit n'était pas à la hauteur de mes attentes. Peu probable que je relise cet auteur donc.
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Y
J'aime bien moi, même si ces romans ne sont pas tous égaux. J'aime le décalage entre les situations, les personnages et les contextes souvent forts
P
J'hesite... avec cet auteur c'est tout l'un ou tout l'autre.
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Y
Là on est plutôt dans le bien mais pas excellent
A
Le personnage sur la couverture n'a pas vraiment une tête de libérateur....
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Y
Peut-être parce qu'il ne l'est que par hasard...
A
Malgré ton article un peu mitigé, j'ai tout de même très envie de le lire ! C'est Arto, ce ne peut pas être vraiment mauvais (Et oui, je l'appelle par son petit nom, depuis le temps qu'on se connaît, lui et moi, je crois que je peux m'autoriser cette familiarité). J'ai reconnu dans ce jeune étudiant fêtard certains amis de ma fille aînée qui confondent université et immense cour de récré : sorties, jeux vidéo, pizzas à tous les repas et journées entières à traîner en pyjama pour être en pleine forme pour la soirée ;-) !
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Y
Oui, ce n'est pas le meilleur d'Arto que j'aie lu, mais bon du Arto, c'est quand même bon... <br /> Moi, j'allais quand même un peu en cours... l'après-midi
N
Bon, j'étais plutôt alléchée par l'idée de départ... et puis non... Pas sûre d'accrocher du tout finalement.
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Y
C'est drôle, décalé, comme toujours chez Paasilinna, un style qui peut rebuter
K
Ben on dirait que ce roman s'est égaré (j'ai accepté l'offre de l'éditeur). j'hésite à les relancer, finalement.Un livre de moins dans la pAL actuelle, quoi.
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Y
ça m'arrive aussi, et je me console de la même manière que toi, sachant que je ne lirai jamais tout...