Hyenae
Hyenae, Gilles Vincent, Jigal, 2015.....
En 2003, trois fillettes ont disparu de chez elles, toutes sont montées dans une camionnette blanche. Le détective privé Sébastien Touraine, peu après s'est totalement isolé, a coupé les liens avec ses amis et Aïcha Sadia, son amie commissaire à Marseille. Quatre ans plus tard, un snuff movie (film qui montre la torture et le meurtre d'une ou plusieurs personnes) mettant en scène l'une des jeunes filles est saisi à l'aéroport. Aïcha Sadia est sur l'enquête et elle comprend très vite qu'elle devra faire appel à Sébastien, parce que personne plus que lui n'est impliqué dans cette histoire terrible.
Avant d'écrire mon article, je suis allé relire mes précédents billets concernant les livres de Gilles Vincent : Beso de la muerte et Trois heures avant l'aube. Et je ne peux que constater mon intérêt monter en puissance. Là encore, Gilles Vincent m'a scotché. Son roman est terrible, il fait peur et donne des frissons parce que La Hyène (le méchant) s'attaque aux enfants. C'est ignoble bien sûr, mais on sait aussi malheureusement que ce type de prédateurs existe, les journaux en parlent régulièrement. Dès lors, pourquoi ne seraient-ils pas dans des romans noirs ? Ce n'est pas une lecture reposante. Ce n'est pas un livre qu'on oublie à peine refermé. D'abord à cause du thème bien sûr, mais aussi grâce à la construction du roman, à son rythme et à sa violence. En tant que lecteur, on passe par pas mal d'émotions parfois contradictoires ; ce qui ne change pas du début à la toute fin, c'est l'impossibilité de lâcher cette histoire. Je ne m'appesantirai pas sur l'intrigue, par peur d'en dévoiler trop (à ce propos, vous pouvez lire la quatrième de couverture, car chez Jigal on les fait sobres, qui ne font rien deviner).
J'aime chez Gilles Vincent l'équipe qu'il a constituée au fil de ses romans : Aïcha Sadia, la commissaire, Sébastien Touraine, son compagnon, détective privé avec qui elle travaille étroitement, Théo Mathias le légiste, ami des deux premiers ; voilà pour les personnages les plus influents, très bien secondés par des flics aguerris et soudés. Ils tâtonnent, se trompent, reviennent en arrière, s'engueulent parfois, agissent de temps en temps en dehors de la légalité, se font violence pour ne pas y céder trop souvent. C'est ce qui prime chez l'auteur, les rapports humains, même d'ailleurs entre les gangsters et les flics, ou ici entre le psychopathe et l'un des membres de l'équipe des enquêteurs.
Gilles Vincent est en train de bâtir une série de romans noirs absolument bluffante et excellente, avec des histoires fortes et des personnages attachants et très réalistes. Ce qui est très bien aussi, c'est que bien que je retrouve les mêmes protagonistes, je n'ai pas la sensation de relire le même roman, à chaque fois, l'auteur réinvente une histoire et même une construction de cette histoire. Très bon point, il n'y a rien de pire que l'ennui dans un polar.
PS : ce roman est une version ré-écrite et complétée d'un roman paru en 2009 chez Timée, sous le titre Sad Sunday. Il se situe avant Parjures, paru chez Jigal. Je précise, mais c'est juste pour la forme, je n'ai pas lu tous les romans de l'auteur (il me manque justement Parjures et un autre, Djebel) et ça ne gêne en rien la bonne compréhension, mon enthousiasme plaide pour moi.